A quelques jours de faire le paseo dans les arènes d’Arles pour ce qui sera sa troisième novillada piquée, le novillero arlésien Tristan, rencontré en pleine préparation aux arènes de Caissargues a eu l’amabilité de m’accorder quelques minutes pour un entretien. Morceaux choisis.

Sol y Sombra :Bonjour Tristan, à quelques jours de la première novillada de ta temporada, comment te sens-tu tant d’un point de vue physique que mental ?

Tristan : Physiquement, je me sens très bien. Je base une grande partie de ma préparation sur le physique car si je me sens bien de ce point de vue-là alors la tête et le mental vont suivre. J’ai énormément d’envie, celle de bien faire les choses et surtout l’envie de revenir à Arles où je ne suis plus revenu depuis deux ans. Je suis déterminé.

SyS : Dans quelles conditions s’est déroulée ta préparation ?

Tristan : Cette année, je me suis préparé exclusivement en France. La saison dernière j’avais pu partager ma préparation entre l’Espagne et la France, mais pas cette année. Olivier Riboulet m’a beaucoup aidé pour ce qui est du travail au campo, avec beaucoup de vaches et quelques toros en privé. Egalement Fabien Alexandre (La Pampa) qui est un très bon ami, qui m’aide depuis toujours pour ainsi dire, et qui m’a permis de toréer beaucoup de ses produits durant cette préparation. Pour les reste, beaucoup de toreo de salon et de physique.

SyS : Revenons à tes débuts (Arles, 13 septembre 2020). Comment as-tu vécu cette première en novillada piquée dans les arènes de ta ville ?

Tristan : Cette novillada d’Arles en 2020 a été une déception pour moi. Je sortais d’une temporada 2019 très bonne en sans picadors et j’allais débuter en piquée début 2020 donc j’étais encore pour ainsi dire « dans le jus », tout allait bien, j’étais prêt pour le passage dans la catégorie. La pandémie m’a clairement coupé dans mon élan et je dois dire que j’ai eu du mal à me remettre dans le bain. Je dirais que mes débuts en novillada piquée n’étaient pas ceux dont je rêvais, mais cela a tout de même constitué une étape importante dans ma carrière.

SyS : Avec l’arrivée subite de la pandémie, la réduction du nombre de novilladas et ces débuts mitigés, n’as-tu pas eu peur d’être oublié des empresas ?

Tristan : Bien sûr, c’est vrai que j’ai eu peur d’être oublié et pour être honnête je me suis posé énormément de questions durant l’hiver 2020-2021. Est que j’allais pouvoir revenir ? Est-ce qu’il y aurait des opportunités pour moi. Arles était fermé pour moi après mes débuts en demi-teinte. Il ne me restait plus que la novillada de Tarascon pour me relancer. Après j’ai eu la chance de pouvoir partir en Espagne, me mettre devant du bétail. Et même si cela c’est mal terminé avec mon précédent apoderado je suis arrivé à Tarascon plus mature et déterminé.

SyS : A Tarascon, tu coupes trois oreilles. Un triomphe à point nommé !

Tristan : J’ai la chance que cette novillada ce soit très bien passée pour moi. J’y suis allé en me disant que c’était la seule, qu’il fallait tout donner car je n’aurais peut-être plus jamais eu la chance de remettre le costume. Donc je m’y suis présenté avec l’objectif de me régaler, de prendre du plaisir et non pas avec comme seule idée en tête de triompher, sinon je me serais planté ! Par chance, le triomphe fut au rendez-vous, j’ai pris beaucoup de plaisir à toréer et cela c’est ressenti je pense. Ce triomphe fut une véritable bouffée d’oxygène.

SyS : Tu as depuis un nouvel apoderado, Amor Antuñez « El Andaluz ». Comment c’est nouée votre relation ?

Tristan : Ça c’est fait durant l’hiver dernier. Nous nous sommes vu plusieurs fois aux entrainements et il a commencé à me donner des conseils. De fil en aiguille nous nous sommes rapprochés et Amor m’a dit qu’il pouvait m’apporter quelque chose. Cela s’est poursuivi au campo et nous avons donc choisi de travailler ensemble. Il me conseille énormément notamment sur les détails techniques de mon toreo, de plus il a une vision de la tauromachie très intéressante. Pour faire simple, il n’a que du bon à m’apporter.

SyS : Justement, quels sont les axes de travail sur lesquels tu planches le plus ?

Tristan : Je dirais qu’il n’y a pas vraiment de gros axes à travailler mais plutôt pas mal de détails techniques. Beaucoup de détails qui font que la charge de travail est importante. Pour n’en citer qu’un, je dirais la variété. C’est un point sur lequel nous travaillons beaucoup mon apoderado et moi-même en ce moment, car c’est très important pour un torero et d’autant plus novillero d’être varié. Sinon pour moi le mental est primordial pour pouvoir faire ressortir ce qu’il y a en moi.

SyS : Le triomphe bien entendu est important, mais il y a la manière. Que voudrais-tu que le public ressente en te voyant dans l’arène.

Tristan : C’est sûr, le triomphe est très important, c’est ce que nous voulons tous car c’est la finalité. Personnellement, la tauromachie est quelque chose qui me permet d’exprimer ce qu’il y a en moi, depuis tout petit. Selon l’état d’esprit dans lequel je vais être, le public va ressentir la même chose. Ce que je veux c’est que le public, se sente bien, qu’il soit heureux d’être là et de me voir toréer pour qu’il puisse sortir content des arènes, avec le sourire. Me régaler devant le toro, sourire et faire ressentir mon plaisir aux aficionados et qu’ils en prennent aussi est la meilleure sensation au monde.

SyS :A quoi va ressembler la suite de ta temporada ?

Tristan : Sans compter à Arles, je vais retourner à Tarascon grâce à mon triomphe de l’an passé puis j’irais à Soustons. Cette novillada d’Arles va être primordiale pour le reste de la temporada, car un triomphe me permettra de pouvoir postuler légitimement dans d’autres arènes.

Merci beaucoup Tristan et Mucha Suerte !

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