C’est qu’elle aura fait parler cette alternative… L’arrivée du nimois El Rafi dans le cercle des matadors de toros a fait couler beaucoup d’encre et de salive des deux côtés du Rhône. Que les nîmois, les grincheux et ceux qui bougons avaient déclaré forfait ce dimanche se rassurent : El Rafi est devenu le matador de toros français numéro 69 face au toro « Huracán » de Pedraza de Yeltes. Le garçon a en plus de cela était très digne de l’événement, se montrant fort disposé face au toro de la cérémonie puis en coupant une oreille de poids du « cierra plaza ». 

Adrien Salenc , un autre nîmois tiens, c’est lui aussi particulièrement distingué et aurait pu prétendre à un triomphe si son second ne s’était pas invalidé prématurément. Daniel Luque qui surfe sur la vague du succès se montra professionnel à ses deux passages sans que souvenir ne reste.

Le lot de Pedraza de Yeltes est lui sortit très dans le type Aldeanueva: fort, haut, lourd et sans excès d’armure. Décevants dans leur comportement d’ensemble, les toros à la devise verte et blanche ont manqué quelque peu de panache dans les trois tiers exception faite au quatrième de plus de présence sous le fer et des cinquième et sixième offrant le meilleur jeu dans la muleta.

A l’issue du paseo, un hommage traduit pas une minute de silence fut rendu aux victimes de la pandémie suivi d’une Marseillaise entonnée à l’unisson. 

Le second est sorti avec le pied fermement vissé à la pédale de frein et fût accusé d’un certain manque de forces. De ce fait Daniel Luque resta inédit à la cape. Deux piques, la deuxième partant de plus loin mais sans histoires les deux fois. Muleta en main le maestro de Gerena a d’emblée démontré tout son pouvoir dans une entame très en torero, signant notamment un trincherazo de belle note. Accompagné en musique, l’andalou se montra supérieur aux velléités de son opposant bronco, de peu de race et de fond. Luque toréa formidablement de la droite mais n’eut que peu d’options d’ouverture sur la rive opposée devant faire preuve de pas mal de décision pour faire charger un fauve peu enclin à s’animer. Conclusion par quasi entière trasera et quelques coups de descabellos. Silence 

Sur le circuit actuel, peu sont les toreros à pouvoir s’assoir à la table de Daniel Luque quand il s’agit du maniement de la percale. Le sevillan le démontra lors d’une réception allurée par un bouquet de véroniques et la demie. Bon tiers de piques en deux rencontres, la deuxième avec pas mal de distance. Ovation pour le picador Juan de Dios Quinta avant un calamiteux tiers de banderilles. Hélas dans le dernier tiers l’astado se montra plus violent que brave, souvent avisé et ne permettant pas le moindre relâchement. Avec oficio, Daniel Luque tenta de damner le pion à son adversaire et égraina quelques mouvements de correcte note sans que la mayonnaise ne prenne. A mon avis un peu décontenancé par le peu d’options de son opposant, Luque plia rapidement les gaules et manqua d’à propos au moment de conclure en trois temps. 

Adrien Salenc négocia correctement le peu d’ouvertures possibles lors de la réception du troisième, cape en main avant de confier l’astado au lancier pour deux rencontres de peu d’émotions. Muleta en main, le torero nîmois se montra tenace et bien supérieur à un Pedraza distrait, fade et de peu de son, toutefois doux et possédant une bonne corne droite mais avec peu de carburant dans le moteur. Adrien Salenc proposa une faena majoritairement droitière au tracé harmonieux et poderoso au devant d’un animal rapidement à court de munitions. Faena intelligente et solide de la part du torero nîmois qui logea une lame entière au premier envoi. Débâcle du puntillero qui en plus fut spectaculairement cueilli au moment de son office. Plus de peur que mal pour l’homme d’argent et oreille généreuse après pétition jugée majoritaire.  

Bonne réception par suaves véroniques devant le quinto, qui se montra brave sous fer en deux rencontres. Salut pour le banderillero arlésien Marco Leal particulièrement brillant en deux paires spectaculaires. Bien débutée et prometteuse, la faena du nîmois fut tuée dans l’œuf à la troisième tanda, l’astado s’invalidant par une blessure à l’antérieur gauche. Probablement le meilleur toro de la tarde. Entière en place mettant fin aux débats. Le nîmois déçu recueillit une chaleureuse ovation. 

El Rafi salua le toro de la cérémonie par une poignée de véroniques soignées avant trois rencontres face au picador. Le Pedraza fit le boulot sans claudiquer mais sans faire montre d’une bravoure immense. Après la cérémonie le consacrant comme le soixante-neuvième matador de toros français de l’histoire, El Rafi brinda le premier toro adulte de sa carrière à sa famille et connu ensuite de bons moments face un astado fixe, avec un fond de noblesse mais manquant cruellement de poder et de forces. Le torero nîmois dessina d’agréables mouvements sur les deux rives, en musique sans toutefois que l’affaire ne prenne une tournure triomphale. Le nîmois cisela quelques naturelles au superbe tracé sur la gauche afin d’occire le fauve d’une demi lame et d’un coup de verdugillo létal. Vuelta.

L’ultime, abanto de salida, lourd et corniapretado fut salué correctement par quelques capotazos notables, véroniques et chicuelinas avant deux rencontres. Plus défensif que brave sous le fer, l’astado poussa les deux fois sans excès de style. Face à un toro brave et avec du caractère le néo matador a mis les formes et les bouchées doubles, se montrant convaincant et particulièrement adroit notamment sur la rive gauche. Faena de bon ton, rythmée et conclue par une épée engagée un poil longue d’effet qui n’empêcha l’octroi d’une oreille de poids. Toro applaudit à l’arrastre. 

FICHE TECHNIQUE DE LA CORRIDA

Arènes d’Arles. Dimanche 6 juin 2021. Grand soleil, légère brise bienvenue. Plein de la capacité autorisée soit 2900 spectateurs. 6 toros de Pedraza de Yeltes.

Organisation : LUDI Arles Organisation

Présidence: Mr Jean-Paul Maragnon assisté de Mme Para et Mr Gueyraud.

Cavalerie Bonijol.

Poids des toros: 580, 595, 565, 565, 610 et 600 kilos .

El Rafi a pris l’alternative devant le toro « Huracán «  ne en mars 2016, número 49 et de 580 kilos.

Salut du banderillero Marco Leal au cinquième.

DANIEL LUQUE (Caña et azabache): ovation et silence

ADRIEN SALENC (azur et or): oreille et ovation

EL RAFI (pétale de rose et or): vuelta et oreille.

Share This