Débutée par un hommage rendu en piste par son épouse Dominique, cette corrida honorant Phillipe Cuillé dont le paseo fut retardé de dix minutes, celui-ci suivi de la Marseillaise, constituait la première belle satisfaction de la journée, à savoir une arène abondamment garnie malgré les très désagréables caprices d’Eole qui parfois génèrent les piétons sur la piste du Temperas.

Une corrida du fer de Cuillé donc, cinqueña, la première intégrale lidiée par les éleveurs du Grand Badon qui n’a pas apporté une totale satisfaction. Un lot bien présenté, homogène, bas et finement armé. Non dénué d’intêret mais dont les principaux défauts furent de manquer cruellement de forces et de transmission. Discrets au cheval où l’ensemble s’employa peu, avec un léger avantage dans le combat sous la morsure du fer pour les trois derniers, tous furent maniables. Supérieurs en ce sens les 4eme et 6eme.

Chez les piétons, Alberto Lamelas, impliqué et décidé dans un contexte plus inédit que son menu quotidien exploita au plaisir toutes les qualités de ses deux opposants, sortant en triomphe par la grande porte du Temperas avec deux oreilles, la seconde généreuse après double pinchazo. Le public alèsien aura apprécié la gestuelle et la classe du français Tibo Garcia, qui quitte les Cévennes une oreille dans l’esporton après une belle faena devant le sixième toro de la course, de plus de transmission. Esau Fernandez, fut poblerino au possible, parfois vulgaire pour deux faenas sans saveurs.

Alberto Lamelas ouvrait les débats devant « Tibiassou » salué par un capoteo correct avant une seule rencontre préservée, avant competencia au quite bienvenue par saltilleras puis gaoneras signées Esau Fernandez. Brindée au public, la faena de l’andalou fut essentiellement droitière, supérieure en tracé en seconde partie, celle-ci plus liée face à un animal qui collabora mais atteint par un manque de forces qui plomba la transmission du travail muletero. Final par bernardinas avant entière longue d’effet, descabello et première oreille de la tarde.

Le cuarto « Buroco » agréablement salué à la cape, poussa peu sur l’unique rencontre à la cavalerie. Alberto Lamelas brinda à Didier Cabanis une bonne faena, là aussi majoritairement droitière au-devant d’un astado animé et aux bonnes charges. Plusieurs séquences soignées, données avec décision et fermeté avant que l’animal ne baisse de ton et que l’andalou ne rallonge les débats, sombrant quelque peu dans une guerre dont le Cuillé n’avait pas besoin. Double pinchazo avant entière tombée. Oreille après pétition majoritaire. Généreuse compte tenu du maniement des aciers, mais méritée pour la prestation d’ensemble du torero de Cortijos Nuevos.

Esau Fernandez qui cumule les triomphes dans tous les pueblos d’Espagne, n’a pas franchement convaincu une arène cette fois sérieuse, peu emballée par le toreo désordonné, racoleur et souvent vulgaire du garçon. Face à « Chocolate » d’abord, un animal manquant de chispa mais mobile qui aurait mérité d’être consenti avec plus de soin. Quelques muletazos valables à droite, sans plus avant ribambelle d’adornos et dosentinas. Piètre maniement de la ferraille pour trois pinchazos avant entière habile.

Guère plus à son avantage devant le quinto « Gitano », un toro doté d’un estimable fond de bravoure, maniable et qui permit au sevillan de signer quelques naturelles de bon ton avant que celui-ci ne retombe dans ses travers, pour un toreo marginal et grossier. Final brouillon, inopportun face à un animal dont on ne saura jamais vraiment ce qu’il avait dans le ventre. Pinchazo, puis lame desprendida.

Le premier adversaire de Tibo Garcia, nommé « Cazador » fonça plusieurs fois sur les tablas avant que le nîmois ne le salue avec soin. Un toro qui afficha un manque cruel de forces dès ses premiers pas sur le sable cévenol, et logiquement piqué au simulacre. Le torero français eut l’intelligence de soigner les charges du Cuillé, qui marchait sur des œufs, en le maintenant constamment à mi-hauteur. Un toro noble, mais fade et qui transmettait peu face aux attitudes très toreras du garçon qui traça plusieurs séquences allurées à droite. Final en donnant les muletazos un par un sans pouvoir lier avant entière en place et un grand coup de descabello.

L’ultime, « Aventador », sortait d’un autre tonneau. Tibo Garcia le salua par quelques capotazos de valeur avant de fixer le fauve d’une demie. Deux piques, la seconde pour le nombre. Le nîmois brinda à Jose Ignacio Ramos une faena pleine d’allure, et à la gestuelle la plus tendre de la tarde. Face à un toro mobile, qui transmettait davantage que ses frères, le protégé de Didier Cabanis signa un labeur d’importance, stylé et majoritairement droitier, trouvant la profondeur sur plusieurs séquences de bonne note. De loin les muletazos les plus aboutis de l’après-midi. Bon final par manoletinas avant pinchazo puis entière foudroyante. Oreille légitime.  

FICHE TECHNIQUE DE LA CORRIDA

Arènes du Temperas, Alès. Feria de l’Ascension 2022. 6 toros de la Ganaderia du Grand Badon (Cuillé).

Présidence : M. Cédrick Buttet.

Cavalerie Heyral. 9 rencontres.

La ganaderia Cuillé sortait pour la première fois en corrida intégrale.

ALBERTO LAMELAS: oreille après avis et oreille après deux avis

ESAU FERNANDEZ: silence après deux avis et silence

TIBO GARCIA: ovation et oreille après avis

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